C’est sur un véritable choc de titans que je
terminais cette année mon séjour au Festival de Salzbourg. En effet,
l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam, sous la direction de son chef Mariss
Jansons, donnait en première partie le Deuxième
Concerto pour violon et orchestre, Sz112, de Béla Bartók, avec Leonidas
Kavakos au violon, et, en seconde partie, la Première Symphonie, en ré majeur,
de Gustav Mahler, dite Titan.
Les deux pièces sont au programme de l’Orchestre depuis longtemps, qui a créé le concerto de Bartók le 23 mars 1939 et qui joue la Première Symphonie de Mahler depuis 1902. Le livret de la soirée titrait sur le programme intérieur de ces deux œuvres, dans un essai signé Marco Frei, qui mettait en évidence la limite ténue qu’il peut exister entre musique pure et musique à programme. A une époque qui voyait renaître le concerto pour violon, Prokofiev, Berg, Schoenberg, Stravinsky ou Korngold composant chacun le sien dans la même décennie, Bartók y vint également, ou plutôt y revint après un premier concerto plus ancien. Timbre intense, entrecoupé, à la sensibilité contrariée de l’esprit et de la liberté qui se perdaient dans une Europe qui penchait vers sa destruction en ce début de 1939. A l’écoute du monde, la musique de Bartok est humaine, trop humaine, qui avait recueilli jusque dans les voix usées des paysans de Transylvanie, jusqu’en Tunisie des champs populaires, authentiques trésors de la mémoire du monde. Son Concerto pour violon, il le fit criant et suppliant, musique et exil. L’archet de Léonidas Kavakos est impressionnant, survolant l’orchestre, faisant souffler l’âme de l’exil sur les cordes, funambule tendu au-dessus de l’histoire du monde.

Jansons va à l’essentiel dans
cette œuvre même s’il développe une science des détails qui lui permet de
présenter tous les climats du compositeur. L’Orchestre le suit à merveille,
s’amusant à redécouvrir la partition encore et encore. Cela fait cent dix ans
que ça dure pour notre plus grand bonheur, même si Jansons ne nous a pas laissé
dans cette symphonie l’impression transcendante que nous ressentîmes il y a
quelques années de cela, avec ce même orchestre, sous la baguette de Riccardo
Chailly.
1er septembre 2012
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