Troisième jour de concert à
Salzbourg et second changement de programme, Jonas Kaufmann se désiste pour ce
soir, mercredi 25 août 2010, et est remplacé au pied levé par le Baryton
allemand Michael Volle, accompagné au piano comme prévu par Helmut Deutsch.
Nous attendions beaucoup de cette soirée de récital consacrée à des œuvres de
Schumann et de Mahler, dont on fête cette année respectivement le bicentenaire
et le cent cinquantième anniversaire. Jonas Kaufmann triomphait ces derniers
jours à Bayreuth dans le rôle de Lohengrin et était attendu comme une star,
preuve en est que c’est sur la scène du Grosses
Festspielhaus qu’il devait se produire et non au Mozarteum, d’ordinaire
réservé aux Liederabende.
Remplacé par Michael Volle, l’on
perdait un peu de cette aura qui entoure Jonas Kaufmann et l’on se prenait à
quelques réserves, se disant que l’on passait de l’extraordinaire au quotidien.
Toutefois, à ce niveau et à Salzbourg, le quotidien correspond à ce qui serait
extraordinaire partout ailleurs. Nous n’avons donc pas boudé notre plaisir à
écouter Michael Volle dans un récital qui fut tout sauf une déception.
C’est avec une grande ballade de
Schubert, Der Taucher, D77, de
1813-1814, composée par un jeune musicien de seize ans que s’ouvrait le
récital. Longue d’une vingtaine de minutes, elle correspond à la jeunesse de
Schubert, qui les a ensuite abandonnées au profit de formes plus resserrées ou
de cycles de lieder. Dite durchkomponiert,
Der Taucher est une suite de
plusieurs strophes offrant à Michael Volle la possibilité de nous narrer une
histoire comme il aurait mis en scène un personnage d’opéra. C’est d’ailleurs
de la nouvelle production fort remarquée de Lulu
de Berg qu’il sortait, dont il chantait le rôle du Docteur Schön. Il est vrai
qu’il pouvait compter sur l’accompagnement d’un pianiste hors norme, qui depuis
des décennies accompagne les plus grands, leur consacrant toute sa carrière.
Helmut Deutsch officiait là avec toute la grâce qui convient au jeune Schubert,
comme un metteur en scène. Suivaient Drei
Gesänge nach Gedichten von Friedrich Hölderlin, op. 56 d’Hermann Reutter
(1900-1985), trois lieder composés en 1944, An
die Parzen, Hälfte des Lebens et Abendphantasie, dans lesquels la voix
chaleureuse de Michael Volle et l’accompagnement d’une rare élégance de Helmut
Deutch donnaient des merveilles à entendre.
En deuxième partie de concert,
des lieder d’Hugo Wolf formèrent le sommet expressif de la soirée. Nous donnant
les Lieder nach Gedichten von Eduard
Mörike, soit successivement Auf einer
Wanderung, Lied eines Verliebten,
An die Geliebte, Begegnung, Bei einer Trauung,
Storchenbotschaft, dans lequel l’humour
des deux artistes fit merveille et terminant cette partie par un somptueux Zur Warnung, d’une grande fraîcheur et
d’une vivacité d’esprit qui emporta tout le public. Il n’y a sans doute qu’à
Vienne ou Salzbourg que l’on peut ainsi s’assurer de l’adhésion unanime d’un
large public dans des lieder de Wolf et c’est malheureux que ce ne soit pas
partout ailleurs également le cas. L’anniversaire du Festival, fêtant cette
année ses nonante ans, imposait que l’on présentât également quelques œuvres de
Richard Strauss, l’un de ses fondateurs, et ce fut à trois des lieder de l’opus
87, sur des textes de Friedrich Rückert, successivement Vom künftigen Alter, Und dann
nicht mehr et Im Sonnenschein qui
clôturaient un récital magistral. Trois bis sur des lieder isolés de Wolf,
Strauss et Schubert nous offraient trois miniatures supplémentaires que l’on
goûtait avec plaisir. Qui venions-nous entendre ?
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