Le concert donné hier soir et ce soir marque la
fin de la saison de concert de l’OSR et propose un programme composé de deux
œuvres imposantes, le Concerto pour
violoncelle et orchestre en mi mineur op. 85 d’Edward Elgar et la Sixième Symphonie en si mineur op. 74 dite
« Pathétique » de Piotr Ilyitch Tchaïkovski.
Le Concerto d’ELGAR trouvait en Jean-Guihen
QUEYRAS un interprète inspiré qui sut parfaitement en rendre toutes les
passions et toutes les émotions. C’est une œuvre majeure du répertoire où le
violoncelle joue un rôle prépondérant, dès la très courte introduction (Adagio) avant que le soliste ne déploie
une mélodie sinueuse qui tourne en rond, Moderato,
passant d’un pupitre à l’autre. Quelques arpèges du violoncelle ouvrent le
deuxième mouvement (Lento-Allegro molto)
dans lequel la virtuosité de Jean-Guihen Queyras s’exprime aisément, chantant
ce qui est pour d’autres un tour de force avec beaucoup de finesse.
L’interprète savait aussi rendre les profondeurs de l’Adagio dans lequel l’orchestre reste discret. Le Finale enfin (Allegro-Allegro ma non troppo) est en
forme de rondo et n’a pas été joué attacca
ce soir, ce qui lui donnait une indépendance plus marquée que la continuation
de l’Adagio le plus souvent jouée.
Les nouvelles idées que Queyras introduit sur la partition d’Elgar sont
remarquables de finesse et de maîtrise de son instrument. Son aisance à
maîtriser le répertoire classique, romantique et contemporain lui donne toutes
les clés pour proposer une lecture riche et subtile d’une œuvre qui est en
quelque sorte de facture classique, de ton romantique et d’idée contemporaine.
Il offre des émotions multiples à l’auditeur et fait penser à la remarque qui
échappa à Jacqueline Du Pré lorsqu’elle écouta le formidable enregistrement de
cette œuvre qu’elle venait de réaliser sous la direction de Sir John
Barbirolli, s’effondrant en larmes : « Ce n’est pas du tout ce que je voulais exprimer » ! Bref,
jouer des émotions, les transmettre, les ressentir, les réécouter ensuite est
un monde aux multiples facettes dans lequel il faut oser se lancer comme le fit
Jean-Guihen Queyras. Surtout, combien il était agréable de suivre le soliste
dans son écoute constante de l’orchestre, sa volonté de dialoguer à chaque
mesure avec tous les pupitres pour approfondir l’interprétation et partager la
vision, sa recherche d’une vraie réponse notamment des violoncelles. Il n’aura
malheureusement pas été suivi par la baguette terne de Michael Schönwandt et
moins encore par les musiciens de l’orchestre, peu à l’écoute des appels
répétés du soliste à un dialogue plus intéressant. L’absence de propos de
l’orchestre virait au récital, qui aura permit d’entendre non pas le Concerto d’Elgar, mais sa partie soliste...
Deux très courtes pièces de Gyorgy Kurtag en bis nous rappelaient les
fondamentaux de la musique contemporaine, de celles que l’on n’ose
habituellement programmer pour elles-mêmes et dont la joie se limite à l’écoute
de quelques bis proposés par des interprètes de génie qui osent les présenter.
Je ne dirai rien par contre de la Sixième Symphonie de Tchaïkovski donnée
en seconde partie de programme, pour ne pas être désobligeant. Tout de même,
dans une telle œuvre, dont Bernstein voyait l’Adagio final comme les prémisses de l’Adagio initial de la Sixième
Symphonie de Chostakovitch, dans la même tonalité de si mineur, il y avait de quoi faire à qui avait un minimum de
vision et de propos. Des problèmes de justesse, notamment chez les cuivres, des
attaques hasardeuses, des sonorités confuses et bruyantes en faisaient un
pensum. Vite, descendons retrouver dans le hall Jean-Guihen Queyras qui
dédicace ses disques avec charme et simplicité pour prolonger le seul moment de
musique de ce soir.
25 juin 2009
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