dimanche 19 avril 2015

JONAS KAUFFMANN REMPLACE PAR MICHAEL VOLLE


Troisième jour de concert à Salzbourg et second changement de programme, Jonas Kaufmann se désiste pour ce soir, mercredi 25 août 2010, et est remplacé au pied levé par le Baryton allemand Michael Volle, accompagné au piano comme prévu par Helmut Deutsch. Nous attendions beaucoup de cette soirée de récital consacrée à des œuvres de Schumann et de Mahler, dont on fête cette année respectivement le bicentenaire et le cent cinquantième anniversaire. Jonas Kaufmann triomphait ces derniers jours à Bayreuth dans le rôle de Lohengrin et était attendu comme une star, preuve en est que c’est sur la scène du Grosses Festspielhaus qu’il devait se produire et non au Mozarteum, d’ordinaire réservé aux Liederabende.
Remplacé par Michael Volle, l’on perdait un peu de cette aura qui entoure Jonas Kaufmann et l’on se prenait à quelques réserves, se disant que l’on passait de l’extraordinaire au quotidien. Toutefois, à ce niveau et à Salzbourg, le quotidien correspond à ce qui serait extraordinaire partout ailleurs. Nous n’avons donc pas boudé notre plaisir à écouter Michael Volle dans un récital qui fut tout sauf une déception.
C’est avec une grande ballade de Schubert, Der Taucher, D77, de 1813-1814, composée par un jeune musicien de seize ans que s’ouvrait le récital. Longue d’une vingtaine de minutes, elle correspond à la jeunesse de Schubert, qui les a ensuite abandonnées au profit de formes plus resserrées ou de cycles de lieder. Dite durchkomponiert, Der Taucher est une suite de plusieurs strophes offrant à Michael Volle la possibilité de nous narrer une histoire comme il aurait mis en scène un personnage d’opéra. C’est d’ailleurs de la nouvelle production fort remarquée de Lulu de Berg qu’il sortait, dont il chantait le rôle du Docteur Schön. Il est vrai qu’il pouvait compter sur l’accompagnement d’un pianiste hors norme, qui depuis des décennies accompagne les plus grands, leur consacrant toute sa carrière. Helmut Deutsch officiait là avec toute la grâce qui convient au jeune Schubert, comme un metteur en scène. Suivaient Drei Gesänge nach Gedichten von Friedrich Hölderlin, op. 56 d’Hermann Reutter (1900-1985), trois lieder composés en 1944, An die Parzen, Hälfte des Lebens et Abendphantasie, dans lesquels la voix chaleureuse de Michael Volle et l’accompagnement d’une rare élégance de Helmut Deutch donnaient des merveilles à entendre.
En deuxième partie de concert, des lieder d’Hugo Wolf formèrent le sommet expressif de la soirée. Nous donnant les Lieder nach Gedichten von Eduard Mörike, soit successivement Auf einer Wanderung, Lied eines Verliebten, An die Geliebte, Begegnung, Bei einer Trauung,  Storchenbotschaft, dans lequel l’humour des deux artistes fit merveille et terminant cette partie par un somptueux Zur Warnung, d’une grande fraîcheur et d’une vivacité d’esprit qui emporta tout le public. Il n’y a sans doute qu’à Vienne ou Salzbourg que l’on peut ainsi s’assurer de l’adhésion unanime d’un large public dans des lieder de Wolf et c’est malheureux que ce ne soit pas partout ailleurs également le cas. L’anniversaire du Festival, fêtant cette année ses nonante ans, imposait que l’on présentât également quelques œuvres de Richard Strauss, l’un de ses fondateurs, et ce fut à trois des lieder de l’opus 87, sur des textes de Friedrich Rückert, successivement Vom künftigen Alter, Und dann nicht mehr et Im Sonnenschein qui clôturaient un récital magistral. Trois bis sur des lieder isolés de Wolf, Strauss et Schubert nous offraient trois miniatures supplémentaires que l’on goûtait avec plaisir. Qui venions-nous entendre ?
28 août 2010

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