dimanche 19 avril 2015

ELGAR SELON QUEYRAS A L’OSR


Le concert donné hier soir et ce soir marque la fin de la saison de concert de l’OSR et propose un programme composé de deux œuvres imposantes, le Concerto pour violoncelle et orchestre en mi mineur op. 85 d’Edward Elgar et la Sixième Symphonie en si mineur op. 74 dite « Pathétique » de Piotr Ilyitch Tchaïkovski.
Le  Concerto d’ELGAR trouvait en Jean-Guihen QUEYRAS un interprète inspiré qui sut parfaitement en rendre toutes les passions et toutes les émotions. C’est une œuvre majeure du répertoire où le violoncelle joue un rôle prépondérant, dès la très courte introduction (Adagio) avant que le soliste ne déploie une mélodie sinueuse qui tourne en rond, Moderato, passant d’un pupitre à l’autre. Quelques arpèges du violoncelle ouvrent le deuxième mouvement (Lento-Allegro molto) dans lequel la virtuosité de Jean-Guihen Queyras s’exprime aisément, chantant ce qui est pour d’autres un tour de force avec beaucoup de finesse. L’interprète savait aussi rendre les profondeurs de l’Adagio dans lequel l’orchestre reste discret. Le Finale enfin (Allegro-Allegro ma non troppo) est en forme de rondo et n’a pas été joué attacca ce soir, ce qui lui donnait une indépendance plus marquée que la continuation de l’Adagio le plus souvent jouée. Les nouvelles idées que Queyras introduit sur la partition d’Elgar sont remarquables de finesse et de maîtrise de son instrument. Son aisance à maîtriser le répertoire classique, romantique et contemporain lui donne toutes les clés pour proposer une lecture riche et subtile d’une œuvre qui est en quelque sorte de facture classique, de ton romantique et d’idée contemporaine. Il offre des émotions multiples à l’auditeur et fait penser à la remarque qui échappa à Jacqueline Du Pré lorsqu’elle écouta le formidable enregistrement de cette œuvre qu’elle venait de réaliser sous la direction de Sir John Barbirolli, s’effondrant en larmes : « Ce n’est pas du tout ce que je voulais exprimer » ! Bref, jouer des émotions, les transmettre, les ressentir, les réécouter ensuite est un monde aux multiples facettes dans lequel il faut oser se lancer comme le fit Jean-Guihen Queyras. Surtout, combien il était agréable de suivre le soliste dans son écoute constante de l’orchestre, sa volonté de dialoguer à chaque mesure avec tous les pupitres pour approfondir l’interprétation et partager la vision, sa recherche d’une vraie réponse notamment des violoncelles. Il n’aura malheureusement pas été suivi par la baguette terne de Michael Schönwandt et moins encore par les musiciens de l’orchestre, peu à l’écoute des appels répétés du soliste à un dialogue plus intéressant. L’absence de propos de l’orchestre virait au récital, qui aura permit d’entendre non pas le Concerto d’Elgar, mais sa partie soliste... Deux très courtes pièces de Gyorgy Kurtag en bis nous rappelaient les fondamentaux de la musique contemporaine, de celles que l’on n’ose habituellement programmer pour elles-mêmes et dont la joie se limite à l’écoute de quelques bis proposés par des interprètes de génie qui osent les présenter.
Je ne dirai rien par contre de la Sixième Symphonie de Tchaïkovski donnée en seconde partie de programme, pour ne pas être désobligeant. Tout de même, dans une telle œuvre, dont Bernstein voyait l’Adagio final comme les prémisses de l’Adagio initial de la Sixième Symphonie de Chostakovitch, dans la même tonalité de si mineur, il y avait de quoi faire à qui avait un minimum de vision et de propos. Des problèmes de justesse, notamment chez les cuivres, des attaques hasardeuses, des sonorités confuses et bruyantes en faisaient un pensum. Vite, descendons retrouver dans le hall Jean-Guihen Queyras qui dédicace ses disques avec charme et simplicité pour prolonger le seul moment de musique de ce soir.
25 juin 2009



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